BNC PRODUCTIONS
Un regard toujours plongé vers l'avenir
Un label de Bretagne : de la world à l'électro.
La distribution est assurée par Harmonia Mundi et Coop Breizh.
Un Studio indépendant de production et de création.
De l'électro au traditionnel
Les projets dalbums du label 2008-2009 :
Dom Duff
Le Bagad de Locoal Mendon
Les Fileuses de Nuit
Magic Chaudron (avec les harpeurs Myrddhin et Zil)
Pascal Lamour
Sergent-Jaffré-Le Hénanff
Sonneurs du Pays Vannetais
Lorsquen 94, Pascal Lamour crée son label BNC Productions,
cest dabord pour faire exister sa propre musique : «
On me disait que faire de la musique électronique en breton navait
aucun avenir !... Pour exister, jai décidé de la produire moi-même. »
Depuis plusieurs années déjà, il fabriquait ses loops
et enregistrait ses bombardes à la maison, dans son home- studio.
Il allait aussi désormais fabriquer ses disques... Et ceux dArkàn,
le groupe quil avait constitué avec Eric Trochu (End of Data)
et le batteur Mourad Aït Abdelmalek, complice de longue date. Cinq
ans plus tard, il entreprend de développer son label. Il crée un
studio denregistrement , à la campagne. Cest là que naîtront
les albums « Shaman of Brittany » (Harmonia Mundi), le titre
sous lequel Pascal Lamour est aujourdhui le plus connu, puis «
Yer'mat », sorti en 2006.
Un défilé dartistes
Cest là aussi que le chanteur Dom Duff, le trio de harpes
« Les Fileuses de Nuit » enregistrent leur premier album,
créant ainsi le premier vrai catalogue du label. Y sont aussi désormais
associés Magali Zsigmond et, tout dernièrement, Marcel Jaffré,
Jo Le Sergent et Samuel Le Hénanff.
Le studio ouvre aussi ses portes à plus dun groupe ou musicien
venu rechercher le son « Lamour » et sa qualité denregistrement.
Depuis Anne Vanderlove en 2000, on a vu des groupes de musique traditionnelle
comme Dremmwell, Folenn ou encore le Trio Kermabon. Sophie Le Hunsec a
porté sa voix devant les micros : elle a enregistré son
dernier album sorti au printemps dernier.
Le petit studio dans la campagne a ainsi vu défiler nombre dartistes,
invités par ces différents groupes. Le Gallois Andy Jones,
Julie Murphy venue jouer au festival de Cornouailles a fait un crochet
par Theix, le temps dune séance denregistrement avec
Dom Duff qui a aussi reçu le poète irlandais Ronan OSnodaigh,
joueur de bodhran et membre du groupe Kila. Et puis les chanteuses Ghislaine
Le Guillant, Joyce Bacon, Ffran May, Nolwenn Korbell et Louise Ebrel,
ont croisé leurs voix avec les bombardes de Dédé
Le Meut et le rythme fracassant des caisses claires dYvonnick Le
Nédic, Iwan Calvez et Daniel Millarec du bagad de Locoal Mendon.
Tous ont travaillé sur lune ou lautre des créations
de Pascal lamour.
Energie créatrice
Car la vie du label reste indissociable de Pascal Lamour, et de son énergie
créatrice. Un pied dans la tradition, et lautre dans le modernisme
: lélectro-shaman a su imposer son style inimitable dans
toutes les sphères de la musique bretonne. Reconnu par ses pairs
sonneurs, il poursuit sa quête dune musique de Bretagne renouvelée
autant quauthentique et inspirée. Toujours en avance dun
son, ce précurseur trouve dans les harmonies hypnotiques puisées
aux confins de la Bretagne, la matière de ses transes électroniques
où les instruments traditionnels et le chant vannetais impriment
une appartenance constamment réaffirmée à son coin
dArmorique autant quà luniversalité du
Monde. Pascal Lamour touche à lessentiel et, en cela, fait
bien plus que de la musique. « Si jutilise le terme chamane
pour illustrer ma musique, cest que ce mot définit parfaitement
ma démarche. Les « chamanes », qui chez nous détiennent
une part de savoir universel en étant guérisseur, juriste,
sage, druide ou bien devin, sont les garants de lesprit dune
société et de ses ancêtres. » explique-t-il.
Féru de surréalisme, admirateur dauteurs comme William
Blake ou William Burroughs, le compositeur emprunte à ce dernier
la technique du « cut-up » quil affectionne : «
La langue vannetaise sy prête à merveille » dit-il.
C'est ainsi qu'il fouille les mots, déstructure la langue et le
rythme, utilise des instruments et des sons nouveaux, questionne dans
cesse sa pratique à laune dauteurs et de mouvements
autres, comme ont pu le faire en leur temps les Seizh Breur. Il entend
ainsi préparer une musique traditionnelle pour demain, «
Et je souhaite quon puisse la faire se renouveler dans des lieux
décriture actuels. »
Carte blanche à 21 couples de sonneurs
Le projet dalbum quil mène avec les sonneurs du pays
vannetais et Coop Breizh montrent bien que la musique traditionnelle se
nourrit de son époque et que les musiciens la font se renouveler.
Il livre lensemble de ses compositions, celles qui peuplent des
CD de boucles électroniques, de rythmes hypnotiques et de laridés
endiablés, à la libre interprétation de 21 couples
de sonneurs. Avec la complicité de Yann Kermabon, chacun choisit
son morceau et se lapproprie à son gré. Il le savait,
lui, que cela marcherait, Il est cependant surpris de voir à quel
point : « Les musiciens prennent les mélodies et les amènent
dans leur propre monde de tradition, avec une inventivité, avec
une capacité de création qui me ravit. Cest la preuve
que notre musique traditionnelle sinvente tous les jours, aujourdhui
comme demain, pour peu quon le lui permette. »
Cest la preuve aussi, pour ceux qui en douteraient encore que la
musique de Pascal Lamour est profondément bretonne.
Chant non tempéré
Un contre-pied en valant bien un autre, il mène en parallèle
un autre projet, très traditionnel celui-là, autour de deux
chanteurs de la région de Pontivy.
Jo Le Sergent a toujours la blague au bord des lèvres. Son visage
réjoui apparaît à travers la double vitre du studio,
comme dédoublé par lénorme micro qui va capter
sa voix dès que lordre tombera. « A toi, Jo, tu nous
fais ton air » Aussitôt sérieux, Jo Le Sergent entame
son chant qui le happe, lemporte dans les méandres de sa
mélodie. Assis derrière Pascal, et la longue console de
la table de mixage, Marcel Jaffré, écoute son compère,
attentif aux modulations. Pas impressionné, mais quand même...
Ils ont bien participé à des enregistrements, de temps en
temps, mais cest la première fois quils font un album
à eux seuls, avec un jeune accordéoniste, Samuel le Hénanff.
Cest dailleurs cela que Pascal remarque : ces deux chanteurs,
comme aussi la plupart des sonneurs qui viennent participer au CD (voir
plus haut) nont pratiquement jamais enregistré. « Cest
important quils laissent leur trace, quils transmettent. Presque
plus personne ne chante comme ces deux-là, dans des modes non tempérés.
Dailleurs qui le pourrait encore ? » interroge-t-il. Alors
il a décidé de produire, avec le conseil artistique de Dedé
Le Meut, un double CD du trio Sergent, Jaffré et Le Hénanff.
Cest une forme de collectage, mais, dans le confort de son studio,
les chanteurs et les musiciens ont toute liberté dinterprétation
et bénéficient de la qualité professionnelle des
prises de son.
Et puis, peut-être que sur le prochain album de " l'électro-shaman
", on entendra les voix des deux compères, transmutées
dans ses partitions électroniques. Jo et Marcel y réfléchissent.
Lexpérience les tente de plus en plus.
La chanteuse Louise Ebrel, a quant-à elle, déjà sauté
le pas avec enthousiasme. Elle a participé en février dernier
à la création que Pascal Lamour a faite en résidence
à Amzer Nevez, à Ploemeur, et enregistré ses chansons,
un jour de juillet.
« Les jeunes croient quon na jamais fait que de la danse
bretonne. Mais on a vécu, nous aussi. Et dans ma jeunesse, moi
cétait le rock et le twist ... » dit-elle avec une
énergie intacte malgré ses 75 ans, quelle fête
ces jours-ci.
Alors, lorsque Pascal lui demande denregistrer « Gousperoù
ar Raned » aussi appelé « les séries »,
un chant basé sur le nombre 7, sur un son de guitare électrique
lourd et puissant digne des meilleures années de Jimmy Hendrix,
Louise prend le rythme, attend le signal et lance son kan dans le beat.
« Cest balèse ! » souffle Pascal Impressionné.
Le chant traditionnel trouve sa place dans les loops électroniques
montées sur mesure autour de sa voix. La rencontre, longtemps décriée
par les puristes, semble presque naturelle, les timbres se coulent lun
dans lautre, se conjuguent pour donner ce son inimitable de la musique
de lélectro-shaman.
De rencontres en talents conjugués, Le label BNC Productions se
construit une « marque de fabrique », faites « de musiques
diverses qui regardent toutes dans le même sens. »
Pascale Désagnat
Un message initiatique
« Jessaie dapporter aux gens une Bretagne inconnue
» explique Pascal Lamour. Et pour lui, les chants traditionnels
recèlent des trésors quil traque sans relâche.
Derrière les paroles apparemment anodines, se cachent, dit-il,
des enseignements initiatiques, distillés par nos anciens soucieux
de transmettre leur savoir, leur philosophie aux générations
futures. « Il sagit aujourdhui de retrouver les clés
qui nous permettent de comprendre ces différents niveaux de lecture.
Je m'efforce de les retrouver, de les décrypter et de les resituer
dans différents courants de pensée », explique lartiste
qui sinspire autant de loccultisme de John Dee que de la philosophie
de René Guénon, et participe à des mouvements culturels
comme Spered Kelt.
(1) BAS : Bodadeg Ar Sonerion
Pascal Lamour pratique une musique respectueuse de la tradition, et pourtant libre de ses interprétations, intensément bretonne et tout autant universelle. : « Je ne fais pas de musique celtique, mais de la musique de Bretagne. Conscient du potentiel musical de mon pays, je développe ces forces musicales-là : traditionnelles et actuelles, world et électroniques.»
Pour en savoir plus, visitez le site de Pascal Lamour :
lien vers site de pascal lamour